Giacomo Carissimi (1604-1674) Bibliographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, par J.FETIS, deuxième édition, Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, Tome2, 1867, pages 188-191. CARISSIMI (Jacques/Giacomo), compositeur célèbre, naquit vers 1604 à Marino, bourg et forteresse à cinq lieues et demie environ de Rome. On sait que c'est dans cette ville qu'il apprit la musique, mais on ignore le nom du maître qui le dirigea dans ses études : quoi qu'il en soit, il est vraisemblable que Carissimi ne dut guère qu'à lui-même le talent qu'il acquit dans son art, car on remarque dans ses ouvrages plus d'invention que de savoir à l'égard de l'ancien style des écoles d'Italie. Lorsqu'il eut atteint l'âge de vingt ans, il fut conduit à Assise par le délégué de cette époque, et y exerça les fonctions de maître de chapelle pendant plusieurs années. De retour à Rome en 1628, il obtint la place de maître de chapelle de l'église Saint-Apollinaire du collège germanique, et en remplit les fonctions jusqu'à la fin de sa vie. Jamais il ne sortit des États de l'église et ne donna ni ne reçut de leçons de musique et de composition ailleurs que dans la capitale du monde chrétien. C'est donc sans aucun fondement que le Cerf de la Viéville de Fresneuse prétend (Comparaison de la musique italienne et de la musique française, 3e partie, p. 202 ; Bruxelles, 1706, in·12) que Carissimi s'était longtemps formé en faisant chanter ses pièces aux Théatins de Paris. On ne voit point à quelle époque le compositeur aurait pu se rendre en France, y devenir maître de musique des Théatins de Paris, et y faire chanter longtemps ses ouvrages. Avant Mazarin on ne connait guère de musicien italien qui soit venu en France, si ce n'est Baltazarini; or Kircher, qui a fait imprimer sa Musurgie à Rome en 1649, et qui était l'ami de Carissimi, dit que celui-ci était depuis longtemps maître de chapelle de l'église Saint-Apollinaire, du collège allemand à Rome et les renseignements recueillis par M. l'abbé Pietro Alfieri démontrent que l'illustre compositeur n'a point fait de voyage à l'étranger. On ne comprend pas d'ailleurs comment Carissimi se serait formé le goût à Paris, où il était fort mauvais au dix-septième siècle. De Fresneuse n'a avancé ce fait singulier que dans l'intérêt de le mauvaise cause qu'il défendait, de la suprématie des musiciens français sur les italiens. Gerber (Historisch-Biographisches Lexik der Tonkünstler), et après lui les auteurs du Dictionnaire des musiciens (Paris, 1810), ont dit que Carissimi fut maître de la chapelle pontificale : c'est une erreur que j'ai copiée dans la Revue musicale (t.IV, p. 419). Le fait n'a aucun fondement, et l'on ne voit pas que cet artiste ait rempli d'autres fonctions que celles de maître de chapelle de l'église Saint-Apollinaire. Carissimi mourut en 1674, et fut inhumé dans cette même église. La congrégation et académie de Sainte-Cécile, dont il avait été membre, lui fit un service solennel dans l'église du couvent de Sainte-Madeleine, où elle était alors établie. Parmi les compositeurs italiens du dix-septième siècle, Carissimi est un de ceux qui ont le plus contribué au perfectionnement du récitatif, mis en vogue depuis peu de temps par Jules Caccini , Peri et Monteverdi. Il avait de l'affection pour cette partie de la musique; c'est à lui que Kircher dut les renseignements dont il avait besoin pour traiter du récitatif dans sa Musurgie. S'il ne fut pas l'inventeur de la cantate proprement dite, on peut du moins le considérer comme un des maîtres qui contribuèrent le plus efficacement à en perfectionner les formes, et qui, par la beauté de leurs ouvrages en ce genre, les firent substituer aux madrigaux, dont le système ne se trouvait plus en harmonie avec le style pathétique et dramatique que l'invention de l'Opéra avait mis à la mode. Il fut aussi un des premiers compositeurs italiens qui ôtèrent à la basse instrumentale d'accompagnement la monotonie et la lourdeur qu'elle a dans les ouvrages de Peri, de Caccini, et même de Monteverdi : il lui donna du mouvement et de la variété dans les formes. Le chant de Carissimi a de la grâce; on y remarque surtout une expression vraie et spirituelle, soutenue par une harmonie qui, sans être aussi savante que celle des maîtres de l'ancienne école romaine, est cependant très pure. Sa musique est, de toute évidence, le type de la musique moderne. Perfectionnée par ses élèves Bassani, Cesti, Bononcini, et surtout par Alexandre Scarlatti, sa manière a conduit par degrés au style de la musique du dix-huitième siècle. Aussi fécond qu'original, Carissimi a écrit un nombre considérable de messes, de motets, de cantates et d'oratorios; Mais on n'a imprimé qu'une faible partie de ses ouvrages; de là, leur excessive rareté. Pitoni dit que l'on conservait de son temps, dans le Collège germanique, le portrait de Carissimi et la collection de toutes ses compositions; mais depuis longtemps il n'existe plus ni musique ni portrait dans le collège. A l'époque de la suppression des Jésuites, tout ce qui se trouvait dans les archives musicales de Saint-Apollinaire et de l'église del Jesù fut vendu au poids du papier. Le chanoine Massagnoli, que M. l'abbé Alfieri a connu dans sa jeunesse, disait que, par un heureux hasard, il avait racheté à vil prix environ trois mille livres pesant de la musique de l'église Saint-Apollinaire; mais les œuvres de Carissimi ne s'y trouvaient plus et avaient été déjà anéanties. J'ai recueilli sur ces productions les renseignements qu'on va lire :
La bibliothèque du Conservatoire impérial de musique de Paris possède en deux volumes in-folio, manuscrits, beaucoup de motets et de cantates de Carissimi. On trouve aussi dans ces volumes quelques pièces comiques où ce compositeur a mis beaucoup d'esprit. Ces pièces sont :
Parmi ces pièces, on trouve la déclinaison du pronom latin hic , hæc, hoc, à quatre voix ; Cheron l'a fait graver sous le nom de Carissimi, mais il est de Dominique (Domenico) Mazzocchi , et c'est sous le nom de ce dernier qu'il a été imprimé en 1643.
Hawkins a aussi publié dans son Histoire générale de la musique (tome IV, page 489) un petit duo de Carissimi. Enfin on a publié de ce maître des Arie da camera co'l basso continuo; Rome, l667, In-4° obl. Quelques motets de ce compositeur ont été insérés dans la collection publiée à Bamberg en 1665 , par le P. Spiridione, sous le titre de Musica Romana.Dans la collection des Airs sérieux et à boire, imprimée par Ballard, on trouve quelques morceaux de Carissimi sur lesquels on a parodié des paroles françaises. Stevens a aussi placé quelques motets du même auteur dans son recueil intitulé Sacred Music, et en dernier lieu le docteur Crotch a placé des morceaux de ce maître dans ses Selections of Music. Le docteur Aldrich avait rassemblé une collection presque complète des œuvres de Carissimi; elle est maintenant dans la bibliothèque du collège du Christ à Oxford. Plusieurs volumes qui contiennent un grand nombre de pièces de ce compositeur se trouvent au Musée Britannique, sous les numéros 1265, 1272 et 1501. On trouve aussi d'autres pièces du même compositeur dans la même bibliothèque; elles sont indiquées dans le Catalogue of the manuscript music in the Britisch-Museum, sous les n° 49, 54, 56, 59 ,64, 85 ( partie d'une messe à 4 voix avec instruments) et 98. Il existe une traduction allemande d'un petit traité de l'art du chant, composé par Carissimi. Cette traduction a pour titre : Ars cantandi , dass ist richtiger und ausführlicher Weg, die Jugend aus dem rechten Grund in der Singkunst zu unterrichten. Aus dem italiænischen in deutsch übersetz von einem Musikfreund; Augsbourg, 1696, in-4° obl. Cette édition est la troisième: on ignore les dates des deux premières. Il y en a une de 1708 : la sixième est de 1731, et la dernière de 1753. Elles sont toutes imprimées à Augsbourg. Il ne parait pas que l'original italien, d'après lequel cette traduction a été faite, ait été imprimé. Vraisemblablement quelque copie fournie par un élève de Carissimi a servi de texte. |
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