1
Les oiseaux nous ont quittés. Déjà l'hiver qui les chasse Etend son manteau de glace Sur nos champs et nos cités. A mes vitres scintillantes Il trace des fleurs brillantes; Il rend mes portes bruyantes, Et fait grelotter mon chien. Réveillons sans plus attendre, Mon feu qui dors sous la cendre. Chauffons-nous, chauffons-nous bien Chauffons-nous, chauffons-nous bien
2
O voyageur imprudent! Retourne vers ta famille. J'en crois mon feu qui pétille: Le froid devient plus ardent. Moi, j'en puis braver l'injure: Rose, en douillette, en fourrure, Ici, contre la froidure Vient m'offrir un doux soutien. Rose, tes mains sont de glace; Sur mes genoux prends ta place. Chauffons-nous, chauffons-nous bien Chauffons-nous, chauffons-nous bien
3
L'ombre s'avance, et la nuit Roule son char sur la neige. Rose, l'amour nous protège; C'est pour nous que le jour fuit. Mais un couple nous arrive; Joyeux amis, beauté vive, Entrez tous deux sans qui vive! Le plaisir n'y perdra rien. Moins de froid que de tendresse, Autour du feu qu'on se presse. Chauffons-nous, chauffons-nous bien Chauffons-nous, chauffons-nous bien
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4
Les caresses ont cessé Devant la lampe indiscrète. Un festin que Rose apprête, Gaîment pour nous est dressé. Notre ami s'est fait, à table, D'un brigand bien redoutable Et d'un spectre épouvantable Le fidèle historien. Tandis que le punch s'allume Beau du feu qui le consume, Chauffons-nous, chauffons-nous bien Chauffons-nous, chauffons-nous bien
5
Sombre hiver, sous tes glaçons, Ensevelis la nature; Ton aquilon qui murmure, Ne peut troubler nos chansons. Notre esprit, qu'amour seconde, Au coin du feu crée un monde Qu'un doux ciel toujours féconde, Où s'aimer tient lieu de bien. Que mes portes restent closes Et, jusqu'au retour des roses, Chauffons-nous, chauffons-nous bien Chauffons-nous, chauffons-nous bien
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